C’était en 1989, et le groupe Bananarama sortait « HELP !!, I need somebody…HELP !! » …une version retravaillée et un peu punchy de la célèbre chanson des Beattles… çà vous dit quelque chose ?
Moi, en 1989 …j’allais repasser mon bac F1… Ben si, faut être honnête, je m’étais croûté l’année précédente avec brio et mon meilleur pote aussi d'ailleurs… Nous avions des cours (et des interros forcément) sur la Résistance Des Matériaux (la RDM), dont certains termes sont désormais utilisés dans notre vie courante pour caractériser nos comportements humains….
C’est le cas du terme Résilience, qui est devenu très à la mode depuis les années COVID et qui est aussi une mesure physique de l’énergie absorbée par un matériau quand il se déforme sous l’effet d’un choc… Ces études ont amené à la création des parechocs de voiture en plastique et des supports déformables qui absorbent les chocs notamment !
Petite parenthèse de « J’me-la-pète-un-peu-avec-mes-souvenirs »…
Ce test de résilience est réalisé à l’aide de la machine de Charpy (appelé aussi mouton de Charpy…je vous laisse chercher pourquoi…). Cet ingénieur français a théorisé la résilience et mis au point la machine qui teste une éprouvette fendue du matériau. Le mouvement de pendule de la masse qui va venir percuter l’éprouvette va amener à la déformation, voir à la rupture de celle-ci. Et voilà, une longue intro pour en arriver là, ...au point de rupture !!
Le point de rupture, quant à lui, est le moment où il y a apparition de fissures ou une séparation totale de deux parties du matériau en lui-même. On conçoit facilement qu’un verre en cristal peut se briser au moindre choc, tandis qu’un morceau de caoutchouc n’atteindra son point de rupture qu’après une longue période de déformation élastique…le point de rupture est donc atteint à différents moments en fonction du matériau qui compose l’éprouvette… Vous me voyez venir ??
Et bien, si on fait un petit parallèle avec l’être humain, j’aurais tendance à dire que beaucoup de similitudes sont présentes... Notre résilience se créée à partir de notre histoire familiale, éducationnelle, de nos rencontres, avec tous les chocs, plus ou moins importants, que nous avons vécu(e)s. Tout comme une voiture, certains chocs ont pu bosseler voire déformer la carrosserie, rayer la peinture, mais la voiture continue de rouler…
Si on continue dans la métaphore de la voiture, lorsque les limites mécaniques sont dépassées (rencontre d’un clou et de votre pneu ; un sms qu’on ne devrait pas lire en conduisant avec un talus perfide qui surgit au milieu de la route…), on atteint le point de rupture… Les éléments déformables ne suffisent plus, la voiture est hors d’usage ou demande à être réparée, des pièces changées…parfois de notre fait, parfois non… Bon maintenant, je suis sûr que vous me suivez !!
Pourtant, en tant qu’êtres doués d’intelligence (c’est parfois vite dit !!), comparé aux éprouvettes de matériaux, nous devrions être en mesure de ne pas l’atteindre, ce point de rupture…Alors quels sont les facteurs qui nous empêchent de prêter attention aux signes de fatigue de notre propre matériau ?
Le manque d’écoute de soi, ne pas faire attention à ses émotions, ne pas poser ses limites, ressasser les choses négatives, se projeter dans un futur qui n’existe pas ou rester dans une situation toxique…autant de situations qui peuvent faire qu’on va dépasser ce seuil, ce point de rupture…parfois sans réaliser que des fissures sont apparues avant, sans écouter ses proches qui ont détecté ces signes et nous préviennent, ou notre corps qui nous alerte par des rhumes à répétition, des douleurs, des problèmes de sommeil…
Admettre aussi qu’on est en difficulté l’est également… Alors, on fait quoi ? On va jusqu’à la rupture pour terminer en morceaux ??? ou on accepte de se poser des questions, de s’écouter, d’aller chercher nos réponses, voir de se faire aider??
Quand, dans votre véhicule, des voyants s’allument, que le nombre de kilomètres est atteint pour faire une révision, ou que votre rétroviseur a « sauté » parce que la ruelle s’est rétrécie d’un coup…, çà nous embête toujours un peu, mais on fait le nécessaire pour la remettre en état non?
La résilience s’acquière effectivement grâce aux chocs que la vie nous amène, choisis ou non, mais est-il forcément nécessaire de dépasser son point de rupture pour acquérir celle-ci?
PS : Pour celles ou ceux qui croient vraiment que les ruelles rétrécissent toutes seules parce qu’elles en ont envie, ou que les talus traversent les routes…dans notre monde tridimensionnel c’est non, même pas en rêve !!
image: Mist-Fotolia
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